Opéras Romeo, Giulietta et Tebaldo au rendez-vous à T...
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Romeo, Giulietta et Tebaldo au rendez-vous à Toulon

30/05/2024
Maria Carla Pino Cury (Giulietta) et Antoinette Dennefeld (Romeo). © Kévin Bouffard

Palais Neptune, 14 mai

Privé de sa scène par des travaux de rénovation, l’Opéra de Toulon propose I Capuleti e i Montecchi, en version de concert, au Palais Neptune. L’action de cet opéra étant plutôt limitée, ce n’est pas un handicap majeur, si la dimension vocale et l’investissement des chanteurs sont au rendez-vous.

De fait, la distribution réunie pour ces deux soirées se révèle parfaitement à la hauteur de l’enjeu. Pour son premier Romeo, Antoinette Dennefeld maîtrise les exigences stylistiques du bel canto romantique, comme le montrent ses variations dans les reprises ornées. La mezzo française possède la longue tessiture que réclame le rôle, d’un grave richement timbré à un aigu vibrant, et lui communique toute la bravoure voulue.

Dans les passages lyriques, son riche médium ombré et son phrasé élégant rappellent, à s’y méprendre, la Martine Dupuy des grandes années, et l’élégie du finale lui va aussi bien que l’héroïsme des scènes d’affrontement. À peine lui souhaiterait-on une articulation italienne qui fasse entendre, de façon plus marquée, les accents toniques et les doubles consonnes.

Bien qu’un peu légère, et d’un volume assez réduit, Maria Carla Pino Cury, qui débute, elle aussi, en Giulietta, peut s’appuyer sur une technique impeccable, pour assurer sa partie de façon scrupuleuse, avec des sons filés d’une grande beauté. Et si son chant bien conduit manque de variété dans la couleur, la soprano brésilo-chilienne forme un très beau duo avec sa collègue.

La révélation de la soirée n’en reste pas moins, incontestablement, Davide Tuscano. Le ténor italien incarne Tebaldo avec un subtil mélange de vaillance et de tendresse, haussant ce personnage secondaire au même niveau que Romeo. Son timbre solaire fait oublier la tension dans son air d’entrée, et il se montre particulièrement émouvant dans son duo avec son rival, au II.

Ce trio de jeunes voix est encadré par deux basses expérimentées. Solide et sans surprise, voire peu investi, le Capellio du Belge Patrick Bolleire pâlit singulièrement face au Lorenzo sonore du Turc Önay Köse, dont la puissante projection paraît presque disproportionnée par rapport au reste du plateau. Ce qui n’empêche pas ce bel ensemble d’offrir un moment d’osmose et de grâce pure, dans le quintette précédant le finale du I, où il semble en lévitation.

Le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon sont excellents, sous la direction élégante et raffinée d’Andrea Sanguineti, toujours très attentif aux chanteurs.

Sans pour autant sacrifier les aspects plus dramatiques, le chef italien fait respirer la partition avec un authentique souffle belcantiste.

ALFRED CARON

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