Après « Franchir les portes », en 2023, l’Opéra de Lyon invite, cette saison, le public à « Rebattre les cartes », lors de son Festival annuel, qui se tiendra du 15 mars au 3 avril. Trois productions s’attelleront, donc, à faire mentir les préjugés sur les héroïnes d’opéra – des clichés datant de leur époque, mais aussi de la nôtre, précise l’institution.
Trois personnages de femmes, dont l’existence n’est pas soumise au désir masculin, défieront leur destin : Minnie dans La fanciulla del West, la Comtesse dans La Dame de pique, et enfin, Sylvie Meyer dans Otages, création mondiale de Sebastian Rivas (voir notre rencontre avec le compositeur).
C’est le directeur musical de la maison, Daniele Rustioni, qui distribuera les cartes aux deux premières. D’abord, à la table du poker que joue Minnie (Chiara Isotton), jeune tenancière d’un saloon californien, fréquenté par des orpailleurs, afin de sauver son bandit bien-aimé (Riccardo Massi) des griffes d’un shérif intransigeant et jaloux (Claudio Sgura).
Western avant l’heure, l’opéra de Puccini naît d’une pièce de l’Américain David Belasco, auteur qui lui inspira, également, Madama Butterfly – héroïne diamétralement opposée à l’intrépide Minnie ! Ce personnage « résolument moderne, qui s’émancipe et rencontre les hommes d’égal à égal », sera entouré de chercheurs d’or, représentés comme des « déracinés », tel un écho aux Nibelungen du Ring, imagine la metteuse en scène allemande Tatjana Gürbaca, qui fait ses débuts lyonnais.
Deuxième partie : La Dame de pique, un jeu auquel la vieille Comtesse (Elena Zaremba) gagne à tous les coups, grâce à une astuce que lui a révélée un aristocrate français, au temps lointain de sa jeunesse. Amoureux de sa nièce, Lisa (Elena Guseva), l’ardent Hermann (Dmitry Golovnin) est prêt à tout sacrifier pour obtenir le précieux secret.
Inspiré d’une nouvelle de Pouchkine, et romantisé par Tchaïkovski et son frère librettiste, cet opéra sera le grand succès lyrique du compositeur. Le Russe Timofeï Kouliabine, banni de son pays et accueilli à Lyon, pour la première fois, retranscrira cette « œuvre très impériale » dans la Russie actuelle, qu’il promet de représenter « dans son entièreté ».
ROXANE BORDE