Lohengrin est de retour à l’Opéra National du Rhin – à Strasbourg, du 10 au 22 mars, puis à Mulhouse, les 7 et 10 avril –, où le « Chevalier au cygne » n’avait plus reparu depuis près de trente ans.
Une nouvelle production, confiée à Florent Siaud, marque l’événement. Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, qui fait des étincelles au pupitre, depuis son arrivée en Alsace, le jeune chef ouzbek Aziz Shokhakimov (né en 1988) sera à la tête d’un plateau vocal de premier choix.
À l’exception de Johanni van Oostrum, qui a, déjà, souvent incarné Elsa, notamment à l’Opéra National de Paris, au début de la saison, les principaux interprètes effectuent des prises de rôles. Anaïk Morel, Brangäne (Tristan und Isolde)acclamée, la saison dernière, à l’Opéra National Capitole Toulouse, incarnera, ainsi, la fielleuse Ortrud, appariée au Telramund de Josef Wagner, dont le baryton-basse héroïque devrait parfaitement seoir à la tessiture du traître.
Quant à Michael Spyres, qui s’est essayé, en février 2022, au seul acte II de Tristan und Isolde, il se dit, désormais, prêt à franchir le Rubicon wagnérien, avec le rôle de Lohengrin : « J’ai suivi une trajectoire progressive, en m’appuyant sur les compositeurs qui ont fait le lien entre Mozart et Wagner, comme Méhul, Spontini, Auber, Meyerbeer, ou même le Rossini sérieux. Comme je suis un passionné de la vocalité de cette époque, je leur ai consacré mon nouvel album, In the Shadows, chez Erato, au programme duquel figurent, également, les airs de Max (Der Freischütz) et Florestan (Fidelio), qui sont un dernier tremplin. »
Depuis un Pilote (Der fliegende Holländer) sans lendemain, voici quinze ans, le « baryténor » américain, ainsi qu’il aime se qualifier, a refusé d’endosser trop vite des parties plus lourdes. « Le risque était grand de m’enfermer trop jeune dans des rôles écrasants. Pour chanter Lohengrin, il faut un médium capable de passer un orchestre assez fourni, et une voix mixte, qui permette de donner toute son aura surnaturelle au personnage. La principale difficulté reste la gestion de la durée, alors que les deux airs les plus célèbres arrivent, après un duo de vingt minutes avec Elsa, à la toute fin de l’opéra ! »
La dernière marche, avant la consécration suprême. Michael Spyres fera, en effet, ses débuts, cet été, en Siegmund (Die Walküre), au Festspielhaus de Bayreuth. « Une salle mythique, où l’enjeu est d’autant plus fort que le public y est extrêmement passionné. »
YANNICK MILLON