Opéras The Fairy Queen danse à Paris
Opéras

The Fairy Queen danse à Paris

11/01/2024
© Julien Gazeau

Philharmonie, Cité de la Musique, 4 janvier

C’est dans le cadre du Jardin des Voix 2023 qu’est née, au Festival « Dans les Jardins de William Christie », à Thiré, en août dernier, cette originale production de The Fairy Queen, centrée sur la danse. Un spectacle qui met en valeur la jeunesse de ses interprètes – que ce soient les chanteurs, ou bien les danseurs de la Compagnie Käfig.

Mêlant le hip-hop et le voguing à la musique de Purcell, mais incorporant quelques éléments plus classiques, la chorégraphie de Mourad Merzouki se fait d’abord assez illustrative (comme les oiseaux dans « Now join your warbling voices »), avant de se libérer de la dramaturgie au cours de la seconde partie, explorant davantage le mouvement.

De fait, l’essentiel de cette mise en espace repose sur les six danseurs, aussi impressionnants dans la chorégraphie qu’expressifs dans le jeu. Les corps racontent une histoire et soutiennent les chanteurs, sans les écraser de leur présence, mais donnant davantage de densité aux différents numéros. On regrette seulement que ce dispositif, avec les musiciens en fond de scène, ne mette pas davantage en valeur l’Orchestre des Arts Florissants.

Ce dernier, dirigé par Paul Agnew, est pourtant pleinement au service de la narration et des différentes atmosphères de l’œuvre, déployant une belle expressivité et créant de vrais contrastes, d’un acte à l’autre. Ainsi, on apprécie que les flûtes à bec, puis le premier violon, Emmanuel Resche-Caserta, aient l’occasion de rejoindre l’avant-scène et de se mêler aux solistes, comme pour le très beau « O let me weep ».

Habillés de la même manière que les danseurs (costume noir, chemise colorée), les interprètes du Jardin des Voix sont toujours intégrés, d’une manière ou d’une autre, au sein du groupe – même dans leurs solos. Le collectif semble le maître mot du spectacle, que ce soit dans le lien entre chanteurs et danseurs, ou parmi les chanteurs eux-mêmes. Ces derniers font, d’ailleurs, preuve d’une très grande précision dans les ensembles, notamment dans l’articulation des consonnes, ainsi que dans les fins de phrase.

Hugo Herman-Wilson et Benjamin Schilperoort possèdent, sans doute, les voix les plus matures de la distribution, le premier emportant l’adhésion, tout particulièrement, par son aplomb scénique (notamment en Poète ivre), et le second, par la profondeur de son timbre.

Ilja Aksionov et Rodrigo Carreto ne manquent pas, quant à eux, de raffinement, de même que Paulina Francisco, dont l’instrument lumineux apporte du contraste à l’ensemble. Georgia Burashko fait preuve d’une voix agile, qu’elle met tout à fait au service du texte, comme dans son « Ye, gentle spirits of the air », très bien mené.

Enfin, Rebecca Leggett se distingue par l’élégance de son ornementation, notamment dans le réussi « I am come to lock all fast », tandis que les pages élégiaques sont souvent confiées à Juliette Mey, qui y montre un vrai sens du phrasé.

Cette production de The Fairy Queen met donc en valeur la musique de Purcell, en faisant ressortir sa variété et son expressivité, par une interprétation enthousiaste et réussie.

CLAIRE-MARIE CAUSSIN

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