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Fantasio rentre au bercail à Paris

21/12/2023
Gaëlle Arquez (Fantasio). © Stefan Brion

Salle Favart, 13 décembre

En raison du retard des travaux de l’Opéra-Comique, cette production de Fantasio, signée Thomas Jolly, avait été créée au Théâtre du Châtelet, en février 2017.

Prévu en décembre 2020, mais annulé pour cause de pandémie, son retour à la Salle Favart, dans un cadre plus intimiste, aura finalement eu lieu trois ans plus tard – et ce, après des reprises à Genève, Rouen et Montpellier. Michel Parouty et moi-même avions souligné, à ces différentes occasions (voir, en dernier lieu, O. M. n° 147 p. 49 de février 2019), le plaisir de la redécouverte d’une œuvre de qualité, dont le matériel d’origine avait brûlé, avec l’Opéra-Comique, en 1887.

Après Marianne Crebassa, en 2017, Gaëlle Arquez s’empare avec efficacité du rôle-titre. La voix de la mezzo française possède la séduction qui convient au personnage, profonde et dotée de belles couleurs panachées. Une plus grande précision apportée aux mots durant les parties parlées serait, toutefois, bienvenue.

À ses côtés, Jodie Devos incarne une Princesse Elsbeth rayonnante dans ses vocalises, malgré quelques sons un peu durs. La soprano belge sait créer une ambiance et révéler les différentes facettes de cette jeune fille décidée.

Franck Leguérinel campe, une nouvelle fois, un savoureux Roi de Bavière, toujours surpris, sinon ahuri, par les événements qui se succèdent. Et Jean-Sébastien Bou retrouve, avec son aisance scénique et vocale habituelle, le personnage imbu de lui-même, et un rien truculent, du Prince de Mantoue, dont François Rougier campe l’aide de camp, Marinoni, émouvant et sincère, lors de ses adieux à son habit rose.

Anna Reinhold sait tenir la scène, en Flamel, tandis que Thomas Dolié déploie, dans le rôle de Sparck, outre d’indéniables qualités physiques de gymnaste, un baryton au timbre accrocheur et une ligne de chant séduisante.

Comme en 2017, Laurent Campellone – placé, cette fois, à la tête du remarquable Orchestre de Chambre de Paris – démontre sa totale connaissance de cette musique, et ses affinités avec le style d’Offenbach, dont il met en valeur toute la sensualité et les subtilités, sans jamais accentuer le trait ou les tensions. On ressent, en communion avec le chef français, le bonheur qu’il prend à diriger l’ouvrage !

JOSÉ PONS

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