Opéras Marina Viotti, Cenerentola policée à Paris
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Marina Viotti, Cenerentola policée à Paris

31/10/2023
Marina Viotti (Angelina/Cenerentola) et Levy Sekgapane (Don Ramiro). © Vincent Pontet

Théâtre des Champs-Élysées, 15 octobre

Coproduite avec le Semperoper de Dresde, cette production de La Cenerentola est, en fait, la reprise de celle du Festival de Pentecôte (Pfingstfestspiele) de Salzbourg, à quelques très petites variantes près (voir, en dernier lieu, O. M. n° 179 p. 31 de février 2022). On retrouve, avec plaisir, un Damiano Michieletto à son meilleur, opérant une transposition raisonnable, dans le décor à transformation de Paolo Fantin, et avec plusieurs gags fort drôles.

Très attendue pour ses débuts en Angelina/Cenerentola, la mezzo franco-suisse Marina Viotti répond largement à nos espoirs. Non seulement par la pureté d’une voix ronde et soyeuse, aux belles couleurs, parfaitement homogène, et dont l’aigu s’épanouit magnifiquement, mais aussi par la perfection de la vocalisation.

Ce chant toujours suprêmement maîtrisé, très policé, laisse, en revanche, plus incertain, quant à la caractérisation du personnage – retenu d’abord, distingué ensuite, et mesuré dans sa victoire finale –, mais confiant dans son approfondissement futur. Le ténor sud-africain Levy Sekgapane lui répond par un Don Ramiro de premier ordre, au timbre lumineux, aux aigus insolents, à la parfaite aisance du chant syllabique, et à la vive présence scénique.

Avec un métier consommé, Peter Kalman impose un classique et solide Don Magnifico ; le baryton-basse hongrois se montre, en particulier, d’une autorité souveraine dans « Sia qualunque delle figlie ». Des deux sœurs, la très savoureuse Clorinda de la soprano italienne Alice Rossi, assumant sa féminité avec un abattage inépuisable, fait pâlir la Tisbe plus réservée de la mezzo polonaise Justyna Olow.

Edward Nelson incarne un élégant Dandini, même si la voix du jeune baryton américain n’est pas parfaitement idiomatique. Et Alexandros Stavrakakis s’impose pleinement, bien qu’annoncé souffrant, et que l’on puisse discuter l’adéquation de la basse grecque à l’emploi, en Alidoro aux graves abyssaux.

À la tête de son excellent Balthasar-Neumann-Chor und -Ensemble, Thomas Hengelbrock reste décevant, dès une Ouverture où les coups de boutoir, les ralentissements, puis une précipitation nerveuse, manquent ce que la verve rossinienne a de beaucoup plus subtil. Et pesant, ensuite, bousculé ou trop lent, sur toute la production, en bridant les chanteurs.

FRANÇOIS LEHEL

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