Opéras Poignante Rondine à Zurich
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Poignante Rondine à Zurich

30/10/2023
Ermonela Jaho (Magda) et Benjamin Bernheim (Ruggero). © Monika Rittershaus

Opernhaus, 8 octobre

La rondine (L’Hirondelle), « commedia lirica » de Giacomo Puccini, créée à l’Opéra de Monte-Carlo, le 27 mars 1917, n’avait apparemment jamais été donnée en Suisse, et c’est Christof Loy qui est à l’origine de cette première. L’œuvre était depuis longtemps sur ses tablettes, parce que, explique le metteur en scène allemand, il se sent une forte affinité avec Magda, son héroïne, qu’il voyait plus naturellement représentée dans une salle intimiste d’un millier de places, comme celle de l’Opernhaus de Zurich, que dans les plus grands théâtres, où il a l’habitude de travailler.

Avec sa direction d’acteurs précise et rigoureuse, sans mouvements agités, ni gestes forcés ; avec les tenues de ville, sans faux pli, imaginées par Barbara Drosihn ; et, surtout, avec les décors spacieux et élégants d’Etienne Pluss, organisés en un avant-plan, occupant toute la largeur de la scène, et un arrière-plan plus étroit, quelques marches plus haut, la lecture que fait Christof Loy de La rondine en rappellera certaines autres, qu’il a signées récemment (Das Wunder der Heliane, Francesca da Rimini et Der Schatzgräber, au Deustche Oper de Berlin). Mais elle sied, incontestablement, à cette énième variation sur le thème de l’impossible rédemption par l’amour d’une demi-mondaine.

Même si les costumes semblent indiquer une transposition à l’époque actuelle, Christof Loy excelle à restituer l’esprit de nostalgie délicate de cette Traviata moderne, que l’on croirait dépourvue de tragique, et mâtinée d’une tranche de La Bohème. L’acte I a l’allure d’une « conversation en musique » raffinée, le II brille d’explosions chorales, et le III hypnotise par les confrontations poignantes des deux amants. Et à chaque instant, le metteur en scène sait conférer substance et forme aux personnages.

Ermonela Jaho trouve, avec Magda, un rôle de référence, se révélant capable des nuances les plus subtiles, comme des éclats les plus bouleversants. Et l’on est tout aussi admiratif de Benjamin Bernheim, Ruggero somptueux, conciliant parfaitement contrôle et expressivité.

Coup de cœur pour le couple alternatif, la Lisette pleine de fraîcheur de Sandra Hamaoui et le Prunier, à la fois doux et éclatant, de Juan Francisco Gatell. Si le personnage de Rambaldo peut sembler, ici, presque caricatural, dans sa raideur et son manque d’empathie pour sa compagne, l’interprétation qu’en donne Vladimir Stoyanov est impeccable.

Dans la fosse, la luxuriance et la diversité des rythmes de danses sont parfaitement restituées par Marco Armiliato, bien que l’orchestre Philharmonia Zürich joue, par moments, si fort qu’il lui arrive de couvrir certaines voix.

NICOLAS BLANMONT

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