En décembre 2003, l’Opéra de Lille rouvrait ses portes, après cinq ans de fermeture, avec un spectacle de danse, quelques semaines avant que Don Giovanni ne lance la première saison lyrique de cette nouvelle ère. C’est donc, tout naturellement, que, pour célébrer le 20e anniversaire de cette renaissance – en même temps que les 100 ans de la « première française » du Grand Théâtre, inauguré par les Allemands en 1916, dont l’histoire est relatée dans un livre richement illustré, Opéra de Lille 1923-2023 : Une maison d’opéra au XXe siècle, à paraître aux Éditions Snoeck, le 6 octobre –, Caroline Sonrier, sa directrice depuis lors, et pour deux ultimes saisons, a choisi de présenter, le 5 octobre, une nouvelle production du deuxième volet de la « trilogie Mozart/Da Ponte ».
« Mais il n’y a pas besoin de prétexte pour monter un nouveau Don Giovanni, rétorque-t-elle. Une fois tous les vingt ans, c’est un minimum ! » Dans la fosse, nulle autre qu’Emmanuelle Haïm, à la tête de son ensemble Le Concert d’Astrée, en résidence dans la maison depuis quasiment deux décennies. « Emmanuelle et moi avons toujours des discussions passionnantes sur la façon dont elle voit les œuvres, et dont elle a envie de les aborder, poursuit Caroline Sonrier. À chaque fois que je lui fais une proposition, elle a le même enthousiasme, la même énergie. Tout en conservant une certaine prudence : elle aime que les choses soient mûres dans son esprit, avant de se lancer dans d’autres répertoires. Par rapport aux Nozze di Figaro, le premier opéra de Mozart joué par Le Concert d’Astrée, en 2008, ou à Cosi fan tutte, Don Giovanni est, à tous les niveaux, un défi d’une grande complexité, avec une force d’évolution tout au long de l’opéra, qui mêle le dramatique et le burlesque. »
Pour la troisième fois, Emmanuelle Haïm sera associée au metteur en scène Guy Cassiers : « Au départ, je l’avais contacté, parce qu’il prend toujours des œuvres à reconstruire – ce qui était typiquement le cas de Xerse, comme de The Indian Queen –, et en me disant que ce n’était pas la peine de lui proposer des pièces du grand répertoire. Mais j’avais très envie de refaire quelque chose avec lui. Je lui ai donc, quand même, parlé de Don Giovanni. Son approche m’a vraiment enthousiasmée, par sa manière d’aborder la question du personnage aujourd’hui, à la fois dans la séduction et la violence. Et sa relation avec Emmanuelle est vraiment formidable ! »
MEHDI MAHDAVI
Une représentation supplémentaire a été ajoutée le lundi 16 octobre.