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Santa Fe sous le charme de l’Orfeo de Rolando Villazon

26/09/2023
Rolando Villazon (Orfeo), Lauren Snouffer (La Musica) et Luke Elmer (Pastore). © Santa Fe Opera/Curtis Brown

Crosby Theatre, 11 août 2023

La seule incursion du Santa Fe Opera dans Monteverdi remontait à 1986 : L’incoronazione di Poppea dans l’édition d’Alan Curtis. Pour cette nouvelle production de L’Orfeo, le Festival, plutôt que d’inviter un ensemble jouant sur instruments anciens – condition sine qua non, aujourd’hui, dans ce répertoire –, a préféré passer commande d’une nouvelle orchestration à Nico Muhly (né en 1981).

Le compositeur américain, auteur de deux opéras consacrés par le Metropolitan Opera de New York (Two Boys, en 2013, et Marnie, en 2017), a rebaptisé l’ouvrage Orfeo, sans l’article donc, pour bien signifier que sa contribution dépassait le cadre de la simple orchestration. De fait, les interludes ajoutés sont aussi séduisants que bien intégrés à l’original montéverdien, à l’instar de l’écriture instrumentale, malgré, peut-être, un usage abusif des cloches. Remarque importante : les lignes vocales n’ont pas été modifiées.

Harry Bicket livre une lecture rafraîchissante et engagée de la partition, la mise en scène de Yuval Sharon s’avérant, à la fois, traditionnelle et inventive. Comme dans sa vision de Lohengrin, à Bayreuth, en 2018, un moment clé de l’intrigue, à savoir l’entrée aux Enfers et l’air « Possente spirto », implique l’usage d’un harnais, dans lequel Orfeo s’envole dans les airs.

Victime d’une chute, lors de la générale, et donc forfait pour la première, le 29 juillet (il a été remplacé par le jeune baryton Luke Sutliff), Rolando Villazon, pour ses débuts très attendus à Santa Fe, s’est montré, le 11 août, aussi charmeur et plein d’élan que virtuose dans son approche des vocalises. Si son timbre n’a plus la séduction de jadis, sa préparation stylistique force le respect, pour un résultat nettement plus probant que ce à quoi nous nous attendions.

Le plus beau chant, et le style le plus accompli, sont à chercher, ce soir, du côté de Lauren Snouffer, distribuée en Musica (curieusement présentée comme une femme traitée pour un cancer), puis en Speranza. Juste derrière elle, nous placerons Caitlin Aloia, stagiaire du programme de formation, dont l’ampleur des moyens surprend en Proserpina.

Audiblement en méforme, dans le rôle de Messaggiera, Paula Murrihy compense par sa présence scénique. Enveloppée dans une immense cape noire, dont la traîne recouvre le monticule vert, sur lequel se sont accomplis les préparatifs du mariage, elle fait très grosse impression.

Amber Norelai chante joliment en Euridice, Blake Denson et James Creswell incarnant d’imposants Plutone et Caronte. Les chœurs sont, une fois encore, exemplaires de discipline et d’enthousiasme.

DAVID SHENGOLD

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