Grande nouvelle pour les amoureux du roman médiéval d’Umberto Eco : le surintendant de la Scala, Dominique Meyer, vient d’annoncer qu’Il nome della rosa serait porté à la scène lyrique en 2025, dans une coproduction avec l’Opéra National de Paris et le Teatro Carlo Felice de Gênes. Commandée à Francesco Filidei, qui avait marqué les esprits avec son deuxième opéra L’Inondation (2019), l’œuvre sera créée à Milan, en italien, avant d’être présentée sur la scène parisienne, en français cette fois – comme cela avait été le cas, en 1957, pour Dialogues des Camélites de Francis Poulenc ? Le compositeur travaille donc sur les deux versions en même temps, aux côtés des librettistes Stefano Busellato (auteur du texte de son premier opéra, Giordano Bruno) et Pierre Senges (qui avait coécrit avec lui L’Opera (forse), une pièce pour récitant et six percussions).
L’action du best-seller d’Umberto Eco se déroule en 1327, dans une abbaye bénédictine des Alpes italiennes. L’ancien inquisiteur Guillaume de Baskerville, un moine franciscain aussi érudit que perspicace, est chargé de mener l’enquête sur une série de meurtres qui ont lieu dans le monastère, assisté par le novice Adso de Melk. Ancrée dans un contexte de querelles théologiques et de chasses aux hérésies, le roman du grand linguiste et sémiologue, spécialiste du Moyen-Âge, a été transposé sur grand écran par Jean-Jacques Annaud, en 1985, avec Sean Connery dans le rôle de Baskerville – qu’a également interprété John Turturro, dans la mini-série réalisée par Giacomo Battiato, et diffusée en 2019.
Selon le communiqué de la Scala, Francesco Filidei a cherché à imaginer comment l’écrivain disparu en 2016, aurait procédé s’il avait été musicien. S’appuyant sur l’apostille du roman, dans lequel il dévoile quelques secrets de fabrication, le compositeur a pu s’inspirer notamment des métaphores musicales auxquelles l’auteur a recours pour décrire la structure de son livre.
Si la partition n’est pas encore terminée, il a déjà été annoncé que la forme s’apparenterait à celle du « grand opéra ». L’œuvre comprendra donc plus d’une quinzaine de personnages, qui alterneront airs et récitatifs, ainsi qu’un chœur conséquent. Quant aux réflexions théologiques et philosophiques, qui occupent une très grande place dans le livre, le compositeur a pour ambition de les exprimer à travers la musique, à l’aide de leitmotivs et de madrigalismes.
Francesco Filidei s’est également attelé à transcrire la structure du roman grâce à un enchaînement particulier des tonalités des différentes scènes. Cette organisation formera une architecture qui évoquera celle du fameux labyrinthe de la bibliothèque de l’abbaye, tout en esquissant la forme d’une rose et de ses pétales, explique le communiqué.
La création milanaise, qui aura lieu le 27 avril 2025, sera défendue par Ingo Metzmacher au pupitre, et Damiano Michieletto à la mise en scène. Le baryton américain Lucas Meachem incarnera Guillaume de Baskerville, et le personnage du novice, rôle travesti, a été confié à la mezzo-soprano Kate Lindsey. Concernant la première de la version française, rien n’a, en revanche, été dévoilé à ce jour…
ROXANE BORDE