Opéras Tsar Saltan de Bruxelles à Strasbourg
Opéras

Tsar Saltan de Bruxelles à Strasbourg

19/05/2023
© Klara Beck

Opéra, 5 mai

Proposé à la Monnaie de Bruxelles, en juin 2019 (voir O. M. n° 153 p. 50 de septembre), ce Tsar Saltan, mis en scène par Dmitri Tcherniakov et repris, ici, par Joël Lauwers, est redonné à l’Opéra National du Rhin, dans une distribution sensiblement modifiée. L’éblouissement visuel demeure, grâce à des costumes colorés et faussement naïfs, et l’omniprésence de vidéos graphiques, lumineuses ou drôles (de véritables dessins animés !).

Le parti pris de faire du Tsarévitch Gvidon un autiste, vivant dans des contes de fées, reste aussi astucieux que discutable : la mise en scène y perd en cohérence, notamment lors du dernier tableau, en forme de coup de théâtre quelque peu artificiel. Le voyage est somptueux, mais sa lecture reste trop construite pour être totalement convaincante.

Le plateau réuni est de qualité. Dans le Tsarévitch Gvidon, le ténor ukrainien Bogdan Volkov fait forte impression, autant pour sa performance scénique (rien de moins évident que jouer un autiste, sans tomber dans la caricature) que pour son chant (timbre clair, diction précise, voix idéalement projetée). La Princesse-Cygne de la soprano russe Julia Muzychenko est tout aussi convaincante, avec des aigus lumineux, une musicalité sans faille, mais aussi un jeu dénué de toute mièvrerie.

Annoncé souffrant, Ante Jerkunica reste impérial en Tsar Saltan. La basse croate offre des graves toujours aussi séduisants, un chant empli de plénitude, pour un personnage quelque peu engoncé, qui ne parvient jamais vraiment à endosser son rôle.

La soprano russe Tatiana Pavlovskaya campe une Tsarine Militrisa toute de retenue et d’inquiétude, pour un fils qu’elle protège jusqu’au bout. Vocalement, en revanche, elle semble moins à l’aise, notamment dans la partie haute du registre. Les autres rôles sont bien tenus, à commencer par la Babarikha de la mezzo britannique Carole Wilson et le Bouffon de la basse russe Alexander Vassiliev.

Placé sous la baguette de son directeur musical, le chef ouzbek Aziz Shokhakimov, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg manque parfois de cohésion, ce qui nuit à l’équilibre des plateaux. Il sait néanmoins restituer les couleurs de la partition de Rimski-Korsakov, notamment lors des intermèdes symphoniques, tel le célèbre Vol du bourdon.

JEAN-MARC PROUST


© Klara Beck

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