On en parle Hamlet à l’Opéra de Paris 85 ans après
On en parle

Hamlet à l’Opéra de Paris 85 ans après

10/03/2023
Ludovic Tézier et Krzysztof Warlikowski. © E. Bauer

À chaque reprise d’Hamlet, la même question se pose : comment se fait-il qu’Ambroise Thomas (1811-1896), couvert d’honneurs en son temps, ait été si injustement dénigré par la suite ? Depuis 1938, lorsque Martial Singher l’interprétait encore au Palais Garnier, cet opéra en cinq actes n’a plus été joué à l’Opéra de Paris. On se rappelle, en revanche, la production de l’Opéra-Comique, en 2018, puis 2022, qui, sous la conduite de Louis Langrée, avait permis le triomphe de Stéphane Degout et de Sabine Devieilhe, dans une mise en scène de Cyril Teste. On n’oublie pas, non plus, l’insolite version pour ténor, imaginée un temps par le compositeur, que défendait John Osborn, en juillet 2022, en concert, au Festival Radio France Occitanie Montpellier.


Ludovic Tézier (Hamlet) et Lisette Oropesa (Ophélie) répètent la mise en scène de Krzysztof Warlikowski. © E. Bauer

À partir du 11 mars, pour l’entrée d’Hamlet à l’Opéra Bastille, plus d’un siècle et demi après sa création Salle Le Peletier (9 mars 1868), tous les atouts semblent réunis afin d’en assurer définitivement la renommée, sans aller y rechercher le simple témoignage d’une époque gangrenée par l’académisme. De la distribution annoncée, on attend beaucoup. Ludovic Tézier a abordé le rôle-titre, à Toulouse, en 2000, l’a ensuite repris à Turin, puis ne l’a plus chanté. Lisette Oropesa a incarné sa première Ophélie, à Lausanne, en 2017, avec succès. À leurs côtés, Eve-Maud Hubeaux (Gertrude), Jean Teitgen (Claudius), Julien Behr (Laërte), Brenda Rae (Ophélie, à la suite de Lisette Oropesa, en avril) ont, a priori, les qualités qu’il faut pour servir au mieux leurs emplois respectifs. Ajoutons que Pierre Dumoussaud, remplaçant Thomas Hengelbrock au pupitre, a déjà montré, à Angers Nantes Opéra, en 2019, combien Hamlet lui tenait à cœur.


Krzysztof Warlikowski. © E. Bauer

Reste, comme c’est souvent le cas, une grande inconnue. Quelle lecture Krzysztof Warlikowski proposera-t-il de la tragédie de William Shakespeare, revisitée par Michel Carré et Jules Barbier, d’après une adaptation française d’Alexandre Dumas ? Une chose semble certaine. Le metteur en scène ­polonais, auquel s’adjoindront Malgorzata Szczesniak pour les décors et costumes, ainsi que Claude Bardouil pour le ballet, ne peut pas se montrer indifférent à un sujet jouant à la fois sur les apparences trompeuses, le mal-être et la folie. Comme le souligne Christian Longchamp, dramaturge de cette nouvelle production : « Hamlet est une des formes de Sisyphe. Il porte en lui inlassablement des fantômes qui ne le lâchent pas. »

PIERRE CADARS

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