S’il est un spectacle parfaitement inscrit dans notre époque, c’est bien No(s) dames, « hommage dégenré » aux héroïnes tragiques, conçu par le contre-ténor français Théophile Alexandre, qui y chante de grands airs d’opéra, accompagné par le Quatuor Zaïde. Pour célébrer la beauté de ces airs, sans perpétuer leurs fatalités de genre, le spectacle, mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau, inverse les rôles traditionnels, en distribuant la direction musicale à quatre femmes (Charlotte Maclet au premier violon, Leslie Boulin Raulet au deuxième, Sarah Chenaf à l’alto, Juliette Salmona au violoncelle) et les agonies de divas (Carmen, Manon, Violetta Valéry, Alcina, Norma…) à un homme.
Bruno Villien a rendu compte, dans ces colonnes, de cette proposition audacieuse, lors de sa présentation à l’Opéra de Limoges, en février dernier (voir Opéra Magazine n° 181 p. 47 d’avril 2022). « Comme on a dans l’oreille ces pages chantées par des sopranos ou des mezzos, on les redécouvre », écrivait-il, insistant sur l’originalité d’« une expérience qui sort des sentiers battus ». Depuis, No(s) dames poursuit sa tournée et l’on attend maintenant son escale parisienne, sur la scène du Trianon, le 9 janvier (et pour une date supplémentaire, le 11 avril), avec, en première partie, les chanteuses Zaza Fournier et Juliette. Le spectacle a également trouvé son prolongement au disque (1 CD NoMadMusic NMM 095), avant de devenir un livre, paru au début du mois de novembre.
Ce volume, sous-titré « Réflexions sur les corsets de genre de notre culture », se présente comme une série d’interviews, réalisées par Arièle Butaux, avec des personnalités féminines venues de différents univers : Catherine Clément, Laurence Equilbey, Julie Fuchs, Brigitte Lefèvre, Macha Makeïeff, Maguy Marin, Debora Waldman… Disponible sur les sites boutique.causette.fr, nomadmusic.fr et presencecompositrices.com, il est vendu au prix de 30 euros. Les bénéfices seront reversés à l’association « Présence Compositrices », mettant en avant les œuvres des musiciennes oubliées de l’histoire.
RICHARD MARTET
À voir :
No(s) Dames, le 9 janvier et le 11 avril au Trianon
En partenariat avec LYRIK.