L’English National Opera va quitter son siège londonien – probablement pour Manchester –, après que l’Arts Council England (ACE), principal organisme de financement culturel en Angleterre, a annoncé son nouveau plan de financement sur trois ans.
La subvention annuelle de l’ENO, d’un montant de 12,6 millions de livres sterling, est ainsi remplacée, pour la période 2023-2026, par un investissement de 17 millions de livres, afin de l’accompagner dans le développement d’un nouveau modèle, destiné à accroître sa présence à travers le pays. La compagnie, dont la particularité est de présenter l’intégralité du répertoire lyrique en langue anglaise, devrait néanmoins continuer à exploiter le London Coliseum, où elle est basée depuis plus de cinquante ans, mais dans une optique plus commerciale.
Cette révision du budget culturel est intégrée à une refonte plus large du système, visant à décentraliser la culture par une meilleure répartition des subventions sur l’ensemble du territoire. L’ENO n’est donc pas la seule institution londonienne touchée : outre les vingt-quatre autres organisations artistiques invitées à se relocaliser en dehors de la capitale, le Royal Opera House de Covent Garden voit sa subvention fondre de 2,2 millions de livres par an, soit 9%, tandis que celle du National Theatre est réduite de 850 000 livres.
Stuart Murphy, directeur général de l’ENO, ne cache pas sa surprise devant ce remaniement budgétaire, sanctionnant une maison qui a si bien réussi « à attirer des personnes de couleur, des jeunes et à mettre en place des projets comme ENO Breathe, en lien avec le service de santé public, pour aider les personnes gravement atteintes du Covid ».
De son côté, le président de l’ACE, Nicholas Serota, a reconnu que la suppression de ce financement serait difficile pour l’institution, mais a aussi indiqué qu’il trouvait assez « enthousiasmant » de voir l’ENO s’installer dans le nord du pays.
AMALIA LAMBEL