Directeur musical du Staatsoper de Vienne depuis 2020, Philippe Jordan a annoncé, dans une interview au quotidien autrichien Kurier, qu’il ne souhaitait pas renouveler son contrat, dont le terme est prévu en 2025. Modèle de longévité à l’Opéra de Paris, où il avait réussi l’exploit d’assurer la continuité entre les mandats par ailleurs incompatibles de feu Nicolas Joel et Stéphane Lissner, le chef suisse fustige au passage le Regietheater, « un chemin erroné » et « fatal » pour l’opéra.
Philippe Jordan confie, en effet, qu’à ses débuts, il caressait le rêve d’une véritable coopération entre la scène et la fosse d’orchestre. Mais sa désillusion est grande : « Au cours des deux dernières années, j’en suis venu à la conclusion que ce n’était probablement pas réaliste et même pas vraiment souhaité ». C’est cette une incompréhension grandissante qui a motivé la décision du chef de « diriger beaucoup moins d’opéra, seulement une à deux productions par an, et des productions bien choisies », comme il l’a précisé au micro de France Musique.
Directeur général du Staatsoper de Vienne, récemment renouvelé dans ses fonctions jusqu’en 2030, Bogdan Roščić a cependant fait entendre un autre son de cloche : « Philippe Jordan et moi avons longuement parlé de mes projets après 2025 cet été déjà. (…) Il aurait bien aimé prolonger son contrat, ce qui m’était impossible pour d’autres raisons. Je ne veux donc pas commenter davantage ses déclarations, ce ne serait pas dans l’intérêt de la maison, ni dans celui de Philippe Jordan. »
Il se murmure dans les milieux autorisés que Teodor Currentzis, proche de Bogdan Roščić, qui l’avait fait entrer chez Sony Classical lorsqu’il en était le président, serait déjà sur les rangs pour succéder au fils d’Armin Jordan. Une hypothèse d’autant plus crédible que le chef gréco-russe cèdera sa place à la tête du SWR Sinfonieorchester à François-Xavier Roth en… 2025 !
LA RÉDACTION