1 DVD Naxos 2.110713 & 1 Blu-ray NBD 0144 V
Troisième parution en DVD pour La Passagère, l’impressionnant opéra inspiré au compositeur Mieczyslaw Weinberg par l’histoire de Zofia Posmysz, survivante d’Auschwitz, disparue il y a quelques semaines, à l’âge de 98 ans.
Zofia Posmysz s’est éteinte en Pologne, le 8 août dernier, dans une résidence proche de ce camp d’Auschwitz où elle avait réussi à survivre, pendant plusieurs années. Elle avait 98 ans, et la « passagère » du roman autobiographique dont Mieczyslaw Weinberg et son librettiste, Alexander Medvedev, ont tiré un opéra resté longtemps interdit par la censure soviétique, c’était elle.
On se souvient très bien de cette silhouette d’aspect fragile, ovationnée debout par le public du Festspielhaus de Bregenz, lors de la création tardive de l’opéra, en juillet 2010. Par la suite, son grand âge n’avait jamais entamé sa détermination à venir assister aux nouvelles mises en scène de La Passagère, pour témoigner, sur un ton toujours doux et posé, des horreurs du passé.
Pendant l’épilogue de cette production, filmée en février 2021, à Graz, on retrouve d’ailleurs quelques images d’elle, projetées juste à côté de Nadja Stefanoff, la chanteuse qui incarne son personnage. Un authentique moment d’émotion, point culminant d’une lecture scénique cependant moins touchante que d’autres, vraisemblablement parce que Nadja Loschky n’a pas toujours su tirer pleinement parti de l’excellente dramaturgie de l’ouvrage. La segmentation du scénario n’est pas toujours efficacement rendue, même si l’intensité psychologique des confrontations les plus directes continue à fonctionner.
Dans l’enregistrement audio de cette production, paru chez Capriccio (voir O. M. n° 180 p. 79 de mars 2022), on avait surtout remarqué la direction de Roland Kluttig, dont les qualités ressortent de façon tout aussi évidente en DVD. Et une vraie plus-value d’image fonctionne pour les deux rôles principaux : Dshamilja Kaiser, perfide gardienne SS, aux expressions faussement bienveillantes ; et Nadja Stefanoff, détenue puis passagère, dont le visage anguleux et les expressions énigmatiques passent bien l’épreuve des plans rapprochés.
À confronter aux DVD captés à Ekaterinbourg (Dux) et Bregenz (Neos), ce dernier restant scéniquement le plus efficace.
LAURENT BARTHEL