Le mouvement #MeToo ne s’est évidemment pas arrêté aux portes de l’univers feutré de la musique classique et de l’opéra, comme en témoigne la plainte pour agression sexuelle déposée par la soprano Chloé Briot contre Boris Grappe, avec qui elle avait partagé la scène à plusieurs reprises. Le chanteur avait riposté par une plainte en diffamation pour « dénonciations calomnieuses ». Mais aucun n’aura été entendu, puisque les deux plaintes ont été classées sans suite par le procureur de Besançon, Etienne Manteaux.
Chloé Briot avait décidé de rendre son accusation publique pour « briser l’omerta régnant dans le monde de l’opéra ». Selon la soprano, le baryton aurait « touché son sein droit comme de la pâte à modeler » et « écarté violemment [s]es jambes pour mettre la tête sur son sexe » alors qu’ils devaient simuler un rapport sexuel sur scène, lors d’une production de L’Inondation de Francesco Filidei mise en scène par Joël Pommerat. Ces faits auraient couru sur une longue période, puisqu’ils se seraient déroulés entre 2018 et 2020.
Le 20 septembre dernier, le procureur a annoncé le classement sans suite de l’affaire devant la presse, qu’il avait convoquée afin qu’il y ait une « symétrie entre la plainte et la réponse pénale ». Etienne Manteaux a souligné que la médiatisation de l’affaire avait eu « des conséquences très importantes sur l’engagement artistique de Monsieur Grappe », dont la carrière a été brutalement interrompue. Aujourd’hui, le chanteur s‘est reconverti en aide-soignant.
Pour Etienne Manteaux, cette procédure « laisse l’impression d’un grand gâchis compte tenu de la souffrance ressentie par Madame Briot » et pour « la carrière compromise » du baryton. Il regrette particulièrement l’absence d’une « coordinatrice d’intimité [comme aux Etats-Unis], chargée de superviser les scènes de rapports sexuels auprès des actrices et acteurs ». Une présence rendue d’autant plus nécessaire, que les chanteurs devaient interpréter des scènes d’amour « avec un parti pris d’hyperréalisme », voulu par le metteur en scène. Or « Madame Briot et Monsieur Grappe s’accordent sur le fait que le metteur en scène, Joël Pommerat, ne leur avait pas donné de consignes claires ».
LA RÉDACTION