Théâtre gallo-romain, 9 août
Pour la 22e édition des Soirées Lyriques de Sanxay, Christophe Blugeon, fondateur et directeur artistique du Festival, a choisi de rester, après Carmen, en août 2021 (voir O. M. n° 176 p. 66 de septembre), en Espagne. Il a programmé, en effet, Il barbiere di Siviglia, dans la production à succès de Pierre-Emmanuel Rousseau, créée à l’Opéra National du Rhin, en septembre 2018 (voir O. M. n° 144 p. 56 de novembre), reprise à Saint-Étienne, en janvier 2019 (voir O. M. n° 147 p. 60 de février), puis à Rouen, en septembre de la même année (voir O. M. n° 155 p. 59 de novembre).
Cette approche pétulante, colorée et pleine de vie, se déroulant au sein d’un décor unique à transformations, a vivement séduit un public qui a fait, par ailleurs, un triomphe à Florian Sempey, habitué des lieux, en Figaro. D’une présence scénique et vocale presque tonitruante, le baryton français ne semble pas se lasser d’un rôle qu’il a interprété, déjà, plus de soixante fois. La voix séduit toujours par sa puissance, son sens de l’ornementation et la facilité de ses aigus.
Moins expérimenté, l’Almaviva de Yaroslav Abaimov ne s’en laisse pas conter et déploie une énergie tout aussi tonique. Son tenorino, au timbre agréable et fruité, paraît toutefois un peu mince pour le plein air, ce que l’interprète compense par un sens musical certain.
Marina Viotti ose une Rosina fort délurée, et assurément meneuse du jeu. Son beau mezzo, aux accents chaleureux, est suffisamment agile dans les traits de virtuosité. Paolo Bordogna est un spécialiste des rôles bouffes du répertoire rossinien. Certes, son Bartolo vaillant peine dans les passages rapides, mais le personnage prend toute sa place, entre duplicité et naïveté, face aux épuisantes intrigues qui ne cessent de le submerger.
Le Basilio d’Emanuele Cordaro s’inscrit dans la tradition, d’une voix pleine et assurée, même s’il manque un peu de caractère pour légitimement effrayer. Andreea Soare campe une savoureuse Berta, très présente en scène, le jeune Yoonsung Choi se faisant remarquer dans les brèves interventions de Fiorello. Quant au chœur d’hommes, il a été parfaitement préparé par Stefano Visconti.
À la tête de l’Orchestre des Soirées Lyriques de Sanxay, Marc Leroy-Calatayud fait passer toute l’énergie indispensable à cette musique, avec des tempi bien adaptés au plein air et une vivacité demeurant toujours soucieuse des voix.
Ajoutons que ces représentations étaient dédiées à la mémoire du chef français Didier Lucchesi (1970-2022). Décédé prématurément, en mai dernier, il avait dirigé de nombreux opéras au Festival, dans les années 2010.
Au bilan, une réjouissante soirée, sous le beau ciel étoilé du département de la Vienne.
JOSÉ PONS