Opéras Gazzetta décevante à Pesaro
Opéras

Gazzetta décevante à Pesaro

29/08/2022
© Amati Bacciardi

Teatro Rossini, 13 août

La reprise de La gazzetta, dans la production de Marco Carniti, que nous avions particulièrement appréciée, en 2015 (voir O. M. n° 110 p. 59 d’octobre), laisse une impression mitigée.Sans doute l’effet de surprise est-il éventé,  mais, surtout, le metteur en scène italien, en la retravaillant pour lui apporter un petit air à la mode, en a quelque peu gâté l’esthétique originale, sans vraiment lui apporter un supplément de sens. Ainsi du baiser entre deux femmes, au finale, qui n’entretient que peu de rapports avec l’intrigue.

On regrette aussi que la vision graphique d’origine, tout en noir et blanc, et si élégante, ait été alourdie par un jeu sur les couleurs peu convaincant. Reposant sur quelques éléments mobiles, dans un grand espace vide, le spectacle conserve sa fluidité, mais paraît finalement assez superficiel et décoratif, dans une esthétique à la Magritte.

L’omniprésence de la figuration, censée animer le plateau – notamment le valet souffre-douleur de Don Pomponio et ses cabrioles –, finit par lasser et ne suffit pas à faire vivre un livret sans véritable ressort dramatique, et une partition composée, pour l’essentiel, d’emprunts à des opéras précédents.

La distribution ne parvient pas, non plus, à nous faire oublier celle de 2015. Seul Carlo Lepore, succédant à Nicola Alaimo en Don Pomponio, parvient à s’imposer entièrement, compensant par la qualité de sa basse sonore et une faconde inépuisable, la barrière du dialecte napolitain.

Le superbe baryton de Giorgio Caoduro impressionne par sa virtuosité dans le canto sillabato de Filippo, mais reste très monocorde. Si le ténor italien Pietro Adaini possède un timbre corsé, sa technique reste à perfectionner et ne peut lutter avec le souvenir de l’Alberto aristocratique de Maxim Mironov.

Désormais familière de Violetta Valéry (La traviata) ou Donna Anna (Don Giovanni), Maria Grazia Schiavo semble égarée en Lisetta, un rôle de jeune première auquel elle ne peut apporter la légèreté vocale et le ton primesautier nécessaires. Excellents, les comprimari sont confiés à d’anciens pensionnaires de l’Accademia Rossiniana « Alberto Zedda ».

La direction très dynamique de Carlo Rizzi, à la tête de l’Orchestra Sinfonica G. Rossini, ne suffit pas à faire vivre une œuvre qui paraît décidément bien longue.

ALFRED CARON


© Amati Bacciardi

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