José Carreras arrêtera-il un jour de chanter ? Probablement pas, les concerts que continue à donner le légendaire ténor catalan étant indispensables au fonctionnement de la fondation qu’il a créée pour lutter contre la leucémie (Fundación Internacional Josep Carreras). Hier soir, mercredi 3 août, devant un public nombreux et enthousiaste, le Festival Castell de Peralada lui a rendu un vibrant hommage, dont l’un des points culminants a été la remise de la Médaille d’honneur du Festival par Isabel Suqué Mateu, présidente de la manifestation.
L’hommage s’imposait, tant José Carreras, 75 ans depuis le 5 décembre, est l’un des chanteurs auxquels le Festival doit le plus. Comme le rappelle Oriol Aguila, le directeur artistique, « c’est ici qu’en 1988, le ténor a effectué son retour devant le public, après sa leucémie. Il aurait pu choisir le Covent Garden de Londres ou le Staatsoper de Vienne… Non, il a préféré Peralada, braquant les projecteurs sur une manifestation alors toute jeune, et la faisant connaître dans le monde entier. »
Hier soir, j’avoue avoir été bouleversé quand José Carreras a fait son entrée, pâle, amaigri, presque frêle. Et encore davantage quand il a commencé à chanter, accompagné par l’orchestre du Liceu de Barcelone et David Gimenez. Certes, le programme ne comportait que des chansons et extraits de comédies musicales. Certes, la voix était sonorisée. Certes, la justesse n’était pas toujours au rendez-vous. Mais la couleur du timbre, la séduction et l’émotion du phrasé étaient intactes. Par instants, je me suis senti transporté près de cinquante ans en arrière, quand j’ai entendu pour la première fois José Carreras sur le vif, en concert déjà, au Grand-Théâtre de Bordeaux. Le plus irrésistible « Nessun dorma » dont j’ai gardé le souvenir !
RICHARD MARTET
