Opéras L’Opéra de Paris reprend Manon
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L’Opéra de Paris reprend Manon

01/03/2022

Opéra Bastille, 17 février

Notre confrère Michel Parouty avait chroniqué cette production de Manon lors de sa création, en mars 2020 (voir O. M. n° 160 p. 58 d’avril). Nous n’y reviendrons pas, sauf pour abonder dans son sentiment d’accablement, au vu de la mise en scène réalisée par Vincent Huguet.

Cette reprise a fait, elle-même, l’objet de nombreux déboires. Ainsi, les deux premières représentations ont été annulées, les instrumentistes ayant été tellement touchés par le Covid qu’il n’y en avait plus suffisamment pour remplir la fosse ! Ce fut ensuite la valse de la distribution du ténor : trois chanteurs différents pour Des Grieux, dont les dates d’entrée en scène ont changé plusieurs fois, si bien que l’on ne savait plus vraiment qui on allait découvrir, lors de la représentation choisie.

Ce fut donc un grand bonheur d’entendre Roberto Alagna, pour une unique fois, ce 17 février. Le ténor français, en grande forme, nous régale, dans le répertoire qui lui convient le mieux, du soleil de son timbre, quasi inentamé, malgré une longue et valeureuse carrière. Bien sûr, on note quelques incertitudes, surtout rythmiques, dues probablement à une révision au dernier moment de la partition. Mais, fort heureusement, la direction d’acteurs est tellement simplissime qu’il n’a certainement pas eu à faire beaucoup d’efforts pour la mémoriser.

La clarté légendaire de sa diction fait apparaître celle de ses collègues non francophones pour pire qu’elle n’est. C’est le cas de la charmante Ailyn Pérez, Manon à la voix ductile, aux aigus clairs et assurés, mais qui a du mal à faire ressentir l’évolution de son personnage. Le premier acte, à l’hôtellerie d’Amiens, manque du mélange d’innocence, de sensualité et d’envie qui explicite la suite – il faut dire que la soprano américaine y est desservie par un costume particulièrement hideux.

Le jeune baryton polonais Andrzej Filonczyk, malgré le même problème de diction, dessine un Lescaut intéressant, bien timbré et à la présence solide. On retrouve un français remarquable avec le Comte de Jean Teitgen, admirable d’autorité scénique et de beau chant, et le parfait Guillot de Rodolphe Briand. Marc Labonnette, en revanche, est un Brétigny sans relief, lui non plus pas gâté par ses costumes.

Poussette, Javotte et Rosette sont agréables, sans plus, tandis que l’Orchestre de l’Opéra National de Paris, sans doute encore miné par le Covid, sonne plus ou moins routinier, sous la direction du chef américain James Gaffigan. Les Chœurs, eux, sont en grande forme, et pourtant, qu’il doit être difficile de chanter avec un masque !

CATHERINE SCHOLLER


© OPÉRA NATIONAL DE PARIS/ÉMILIE BROUCHON

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