Jusqu’ici, la vidéographie de L’Étoile se résumait à une captation effectuée à l’Opéra de Lyon, en 1984, sous la baguette de John Eliot Gardiner et dans une mise en scène de Louis Erlo & Alain Maratrat (en DVD chez RM Arts). On est donc heureux d’accueillir cette nouvelle version, filmée à Amsterdam, en 2014, dont nous avions salué à l’époque la pertinence (voir O. M. n° 101 p. 40 de décembre).
À la tête du Residentie Orkest de La Haye, Patrick Fournillier livre une lecture empreinte à la fois de compétence, d’amour et de bonhomie. La vis comica, constamment présente en fosse, n’empêche pas un extrême raffinement, et la distribution s’avère l’une des meilleures que l’on puisse réunir aujourd’hui.
Travestie en Gavroche, Stéphanie d’Oustrac campe un Lazuli confondant de naturel, crédible, expressif, d’une grande sûreté vocale. Tout à la fois drolatique et inquiétant, Christophe Mortagne est impeccable en Ouf Ier, tandis qu’Hélène Guilmette dessine une Laoula idéale de fraîcheur. Jérôme Varnier, François Piolino, Julie Boulianne et Elliot Madore complètent avec talent.
Si le premier acte surprend par son décor austère (forêt de mâts surmontés de haut-parleurs, ambiance années 1930), c’est parce que Laurent Pelly se refuse à une lecture superficielle du livret. Le dénouement peut-être pas aussi heureux qu’espéré, les déguisements successifs d’Ouf Ier (Dictateur de Chaplin, Mussolini, Mobutu, Franco…) sont là pour rappeler qu’une comédie peut également inciter à réfléchir.
Heureusement, les décors joyeusement fantaisistes du II et du III, multipliant à l’envi portes et engrenages, effacent toute lourdeur, laissant à Laurent Pelly toute latitude pour régler de brillantes scènes de foule et une direction d’acteurs minutieuse.
Avec une qualité de l’image évidemment supérieure, grâce aussi à l’excellent filmage de François Roussillon, ce DVD surclasse celui de Lyon.
NICOLAS BLANMONT