Purcell : The Indian Queen

Vince Yi (Hunahpu) – Julia Bullock (Teculihuatzin) – Markus Brutscher (Don Pedrarias Davila) – Nadine Koutcher (Doña Isabel) – Noah Stewart (Don Pedro de Alvarado) – Christophe Dumaux (Ixbalanqué) – Luthando Qave (Mayan Shaman) – Maritxell Carrero (Leonor) MusicAeterna, dir. Teodor Currentis. Mise en scène et réalisation : Peter Sellars (16:9 ; stéréo : LPCM 2.0 ; DTS 5.1 & Dolby Surround)

2 DVD Sony Classical 88875049519

C’est non sans nostalgie, et le cœur souvent serré, que l’on a visionné cette captation de The Indian Queen, réalisée au Teatro Real de Madrid, en novembre 2013 – dernière production de l’ultime saison conçue par Gerard Mortier à paraître en DVD (voir O. M. n° 91 p. 46 de janvier 2014). D’autant qu’elle témoigne, une nouvelle fois, d’une osmose artistique exceptionnelle. Teodor Currentzis et Peter Sellars devaient – c’était écrit – se rencontrer, pour concrétiser le projet que le metteur en scène avait, depuis plus d’un quart de siècle, de monter le « semi-opera » inachevé de Purcell.

Interprète inspiré de son propre travail, Sellars bannit les plans d’ensemble au profit de contre-plongées puissamment dynamiques et picturales, filmant au plus près les corps – et la beauté incandescente du couple formé par Julia Bullock et Noah Stewart –, les visages, et ces regards intensément, authentiquement bouleversants. Il s’attarde aussi sur les détails des toiles de Gronk, qui puisent à la source énigmatique des fresques mayas.

La narration même, que Maritxell Carrero déclamait sur scène avec une véhémence incantatoire, est devenue une voix off, aux confins du murmure. Quel dommage, dès lors, que la postsynchronisation laisse à désirer ! Mais ce sera là notre seule réserve, tant la fascination opère aussi sur le plan sonore. Et, surtout, musical.

Grâce aux voix, et d’abord celle du chœur de MusicAeterna, à la fois pure et incarnée. Avec quelle émotion Nadine Koutcher plie son instrument profus aux exigences d’un chant intériorisé, tandis que l’alto vivement projeté de Christophe Dumaux rompt, notamment dans « Music for a while », avec l’art distancié, sinon compassé, des contre-ténors qui l’y ont précédé ! Le contraste n’en est que plus saisissant avec le timbre de Vince Yi, dont la part d’enfance semble défier la nature.

Au pupitre, Teodor Currentzis allie tension expressive et suspensions mystiques à un degré de perfection qui parachève ce rêve d’œuvre d’art totale devenu réalité.

MEHDI MAHDAVI

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