ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE

80 ans de concerts inédits

Poulenc – Mahler – Berg – Ravel – Berio

Irma Kolassi, Victoria de los Angeles, Denise Duval (sopranos) – Marilyn Horne, Cathy Berberian (mezzo-sopranos) – Pierre Bernac, Dietrich Fischer-Dieskau (barytons)

8 CD Radio France/Ina FRF 020-27

DIAMANT

Les menaces qui ont pesé sur les orchestres de Radio France sont-elles définitivement écartées ? Quoi qu’il en soit, ce coffret vient à point rappeler le rôle capital que joua, dans l’histoire de l’institution et dans celle de la musique tout court, l’Orchestre National de France, créé en 1934 et destiné d’abord à diffuser ses concerts sur les ondes. Garant d’une tradition, mais ajoutant à son rôle celui de créateur, comme le rappelle l’épais livret signé de notre collègue et ami Christian Wasselin. Ouvertures (Raymond ou le Secret de la reine d’Ambroise Thomas, éblouissante de jeunesse sous la baguette inattendue de Leonard Bernstein), symphonies (Riccardo Muti et une pétulante 39e de Haydn), concertos (Christian Ferras et Eugen Jochum dans Tchaïkovski, Isaac Stern et Eugene Ormandy dans Brahms, Martha Argerich et Claudio Abbado réunis pour un 3e de Prokofiev… non, vous ne rêvez pas !) tiennent leurs promesses. Peu de chant, mais des moments difficilement oubliables. En 1957, Carl Schuricht accompagne ainsi, dans les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler, un Dietrich Fischer-Dieskau révélant une urgence dramatique dont il ne faisait pas toujours preuve au disque. L’intensité expressive et le charme de Victoria de los Angeles dans les Deux Chants hébraïques de Ravel, avec Paul Kletzki au pupitre (1955), la pertinence du duo Irma Kolassi/Jascha Horenstein dans les Altenberg-Lieder de Berg (1953) : des instants envoûtants, tout comme la Shéhérazade ­ravélienne, illuminée par le timbre ensorcelant de Marilyn Horne et la direction éblouissante de Bernstein (1975). Les créations ? La Dame de Monte-Carlo de Poulenc (1961), sept minutes poignantes grâce à Denise Duval et Georges Prêtre ; et Calmo de Luciano Berio (première française, en 1976), par Cathy Berberian, muse et magicienne, sous la direction du compositeur. Le 24 avril 1944, Salle Gaveau, Pierre Bernac offre les Chansons villageoises de Poulenc, sous la baguette de Roger Désormière. À la fois véhémente et distinguée (mais sans doute trop articulée pour le goût actuel), leur interprétation fit sensation dans une France qui souffrait encore. L’un des joyaux d’un album indispensable.

MICHEL PAROUTY

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