Historienne et musicologue de renommée mondiale, en particulier pour ses travaux sur Rameau, la codirectrice scientifique du Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime, qui paraît chez Classiques Garnier, livre les clés de cette indispensable bible.
Quatre volumes, comptant chacun un millier de pages, plus de sept mille entrées… Le Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime, publié par Classiques Garnier, est une aventure unique (voir nos pages « Cadeaux » dans ce numéro).
Trois directeurs scientifiques ont relevé le défi : Sylvie Bouissou et Pascal Denécheau, tous deux chercheurs à l’IReMus (Institut de Recherche en Musicologie), ainsi que France Marchal-Ninosque, chercheuse à l’ELLIADD (Édition, Littératures, Langages, Informatique, Arts, Didactique, Discours) de l’Université de Franche-Comté.
« C’est un projet très ancien, confie Sylvie Bouissou. Je crois avoir commencé à y penser dès le début des années 2000. Mais, à l’époque, je dirigeais un laboratoire du CNRS et l’édition complète des œuvres de Rameau occupait l’essentiel de mon temps. J’ai eu l’opportunité de rencontrer des gens aussi fous que moi, comme France Marchal-Ninosque ! En avançant dans notre projet, nous y avons associé Pascal Denécheau. À nos côtés, nous avons réuni cinquante-huit collaborateurs. »
Nullement rebutées par l’ampleur de l’entreprise, les éditions Classiques Garnier ont tout de suite accepté sa publication. Imagine-t-on les problèmes de documentation auxquels les chercheurs ont dû faire face ?
« Nous avons dépouillé des milliers de sources, de documents comptables, mais, sur ce plan, les Archives Nationales sont très fiables. Nous avons eu des renseignements sur les effectifs, le temps de travail, les rémunérations. La période des débuts de l’Académie, après le privilège accordé à Pierre Perrin, est la plus difficile à retracer, nous sommes davantage renseignés sur les années 1750-1790. »
Une question parmi tant d’autres : comment présenter l’ouvrage ? « Nous avons envisagé plusieurs formes, des thématiques, un volume pour les œuvres, un pour les compositeurs, un pour le personnel… Finalement, l’ordre alphabétique d’un dictionnaire nous a paru le plus simple. »