Après la reprise de La Princesse légère de Violeta Cruz à l’Opéra-Comique, début mars, la soprano française incarne Athéna, Pénélope et Circé dans le nouvel opéra de Jules Matton, inspiré d’Homère, au Théâtre Impérial de Compiègne, les 5, 6 et 8 avril.
Tel un feu d’artifice, Jeanne Crousaud disperse les couleurs de sa pensée pour livrer sa personnalité flamboyante. Avec elle, l’exercice de l’entretien est fait d’apartés, de digressions, d’anecdotes. C’est par touches que l’on reconstitue son portrait pointilliste.
Avec un père directeur technique de grandes scènes françaises (Théâtre National de Toulouse, Comédie-Française, etc.) et une mère danseuse chez Roland Petit, Jeanne Crousaud grandit entre planches et parquet, tantôt dans les coulisses des théâtres, tantôt dans les salles de danse. Elle est nomade, aussi, et déménage treize fois en vingt et un ans, apprenant très tôt à s’adapter à son environnement pour le faire sien.
Côté éducation, elle débute le violon et la danse dès l’âge de 5 ans. Deux disciplines qui la structurent, lui apprennent la rigueur et l’exigence, et à « travailler la technique au service de soi, de sa personnalité ». De l’une, elle garde une oreille quasi absolue, de l’autre, un rapport au corps qui lui permet de s’approprier l’espace, d’interagir avec les autres.
Parallèlement à ses cours de violon, Jeanne Crousaud intègre la chorale du Conservatoire, dans le cadre de l’enseignement du solfège. Elle se découvre alors une passion pour le chant. « C’est la seule discipline qui réunit mes exigences et mes attentes », souligne-t-elle. « Le chant est un sport comme la danse, et il me permet d’éprouver des sensations uniques, de découvrir mes limites. »
Il y est aussi question d’exigence, un terme qui revient souvent dans la bouche de la soprano. À ce titre, elle cite Maurice Béjart : « La vie est une exigence. » Et ajoute : « Nous sommes dans un métier de représentation, il faut être au top. »