Du 2 au 6 mai, le compositeur français propose à Saint-Étienne Fando et Lis, sur un livret et dans une mise en scène de Kristian Frédric. À l’origine du projet, l’une des plus célèbres pièces du dramaturge espagnol Fernando Arrabal, emblématique du mouvement artistique « Panique ».
Fando et Lis est votre première incursion à l’opéra, un art qui donne la primauté au chant. Quel intérêt portez-vous à la voix ?
Je suis passionné par la voix. J’ai été immergé très tôt dans cet univers. Mon père était chef de chœur à Brest, et j’ai toujours chanté : des chansons populaires, de la variété, des chorals de Bach. Devenu compositeur, j’ai commencé avec des pièces vocales, pour petit ensemble, pour chœur… sur des textes d’écrivains que j’admire. Le lien entre la musique et les mots est essentiel dans mes œuvres. Car je conçois mon art comme de l’énergie transformée en sons et portée par du sens.
Commande de l’Opéra de Saint-Étienne, et plus spécifiquement de son directeur général, Éric Blanc de la Naulte, qui souhaite créer une œuvre contemporaine tous les deux ans, Fando et Lis a été composé sur un livret de Kristian Frédric, tiré de la pièce éponyme d’Arrabal (1957). Comment ce projet est-il né ?
Kristian Frédric, qui a été l’assistant de Chéreau, est également le metteur en scène de cette création. C’est lui qui a eu l’idée de s’emparer de la pièce d’Arrabal, qu’il a adaptée en tenant compte des contraintes et des codes propres à la dramaturgie à l’opéra. En 2016, j’ai été contacté pour écrire la musique ; j’ai alors mesuré la chance que représentait cette opportunité de composer pour la scène.
Musicalement, comment vous êtes-vous emparé de l’univers désespéré d’Arrabal ?
Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans cet univers extrêmement sombre. Et puis, je me suis aperçu que la pièce, d’un grand lyrisme dramatique, appelait l’écriture opératique. Je l’ai repensée dans le contexte politique du franquisme, dont elle porte l’empreinte, et j’ai cherché à éclairer ces ténèbres avec ma musique. Certaines pages se réfèrent ainsi à l’esprit de l’« opéra-bouffe », en écho à l’humour grinçant et enfantin d’Arrabal face à l’absurdité du réel.