Nommé en 2015, le chef français a pris officiellement ses fonctions de directeur général de l’Opéra National de Bordeaux, l’année suivante. Après une saison 2016-2017 de transition, 2017-2018 affiche clairement ses ambitions avec, entre autres temps forts, une nouvelle production de Pelléas et Mélisande qu’il dirigera les 19 et 21 janvier, dans le splendide Auditorium dont la ville s’est dotée. Parmi ses priorités : l’ouverture, la diversité, le jeune public et le rayonnement de la maison, dans une région où Marc Minkowski a également fondé le Festival « Ré Majeure ».
La 7e édition de « Ré Majeure » vient de s’achever. Comment l’idée de ce festival dans l’île de Ré est-elle née ?
En 2010, la tempête Xynthia a lourdement frappé plusieurs départements, dont la Charente-Maritime. J’avais déjà une résidence dans l’île. Tout le monde s’est mobilisé pour soutenir les habitants. Je faisais alors une tournée avec, au programme, les Concertos brandebourgeois de Bach, et j’ai voulu donner un concert pour apporter ma contribution. De là est né le projet d’un festival dans un endroit que j’aime particulièrement et auquel je souhaitais faire partager mon amour pour la musique. J’ai donc imaginé une manifestation se déroulant sur trois ou quatre jours. Si notre Festival, ouvert en 2011, est petit par la durée, il est aussi ambitieux, puisque nous avons déjà donné, entre autres, Cosi fan tutte et Der fliegende Holländer en concert.
Avez-vous trouvé facilement des lieux adéquats ?
Plusieurs villages avoisinants disposent d’églises pouvant nous accueillir si la température le permet, mais aussi de salles des fêtes. Nous avons également un gymnase, La Prée, qui est un endroit formidable, dont l’acoustique est un peu sèche mais satisfaisante. Bien sûr, en tant que directeur artistique, je rêve d’un lieu festivalier bien spécial, où l’on pourrait donner des spectacles unissant musique et art équestre comme je les aime, et même – pourquoi pas ? – recevoir des congressistes.
Vous avez choisi de déplacer « Ré Majeure » de la Pentecôte à la Toussaint. Pourquoi ?
Avant tout, pour des raisons de planning. La Toussaint est une période plus calme dans l’activité lyrique. Le public peut davantage se concentrer sur une manifestation culturelle. Il n’existe quasiment pas de festivals musicaux à cette époque de l’année et les gens sont ravis, les artistes aussi, comme Katia et Marielle Labèque. Cet automne, elles comptaient parmi nos invités et ont pu découvrir une région qu’elles ne connaissaient pas, et qui est magnifique !
Comment fonctionnez-vous financièrement, et quel est votre public ?
Nous avons pour l’instant des moyens limités, et nous employons beaucoup de bénévoles. Nous comptons sur nos recettes. La Communauté de Communes de l’île de Ré devrait nous aider mais, cette année, elle n’a pas pu le faire pour des raisons administratives. Notre public est local et rochelais, mais pas seulement ; il vient aussi de Bordeaux, et même de Paris, puisqu’il existe des lignes aériennes très pratiques. La Région Nouvelle-Aquitaine est vaste, et une bonne communication nous permettra d’augmenter notre fréquentation. J’y veille avec Jacques Toubon, le président du Festival.