Connu pour ses collaborations régulières avec Roberto Alagna, à la scène comme au disque, le chef français, bien plus fêté à l’étranger que dans son propre pays, dirige Jonas Kaufmann dans son dernier album L’Opéra, paru chez Sony Classical.
Comment êtes-vous entré en contact avec la musique ?
Bien que ne venant pas d’une famille de musiciens, j’ai été en contact très tôt avec la musique, comme soliste des Petits Chanteurs de Chaillot : une expérience dont j’ai gardé mon amour du répertoire sacré, mais aussi le souvenir de mes premiers pas sur scène, au Palais Garnier, en renfort de chœurs dans Otello. J’ai su plus tard que c’était avec Georg Solti, Placido Domingo et Margaret Price : pas mal comme baptême du feu ! Si la mue, brutale, car survenue au beau milieu d’une tournée, a mis fin à ma carrière de chanteur, cela s’est fait sans regret car, dès mes 4 ans, je voulais devenir chef. Et depuis, tant dans l’univers symphonique que lyrique – je tiens à ces deux activités, qui s’enrichissent mutuellement –, je n’ai de cesse de demander à l’orchestre de « chanter », comme le répétait inlassablement Bruno Walter !
Votre répertoire est immense, mais l’une de vos spécialités reste la musique française…
Je suis fier de jouer cette musique dans le monde entier, d’autant que, pendant longtemps, elle a été peu défendue par les chefs français, à quelques exceptions près : Pierre Monteux, Georges Prêtre, Michel Plasson… Les choses ont bien changé ; désormais, on joue partout Berlioz ou Ravel, voire Messiaen. Rendez-vous compte : avec l’ORF Radio-Symphonieorchester Wien, dont j’ai été le directeur musical pendant huit ans, on a fait l’intégrale des Symphonies de Messiaen et de Dutilleux !