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© SIMON PAULY

Le 15 décembre, au Carnegie Hall de New York, la mezzo-soprano américaine achève la première partie de la tournée mondiale de lancement de son nouvel album, intitulé In War & Peace : Harmony Through Music et paru chez Erato. Un récital dont la portée dépasse largement celle d’une succession d’airs empruntés au répertoire baroque, à l’image d’une cantatrice sensible aux échos du monde extérieur et soucieuse d’apporter sérénité et réconfort à ceux qui l’écoutent. En même temps, Joyce DiDonato demeure une formidable chanteuse-actrice, qui n’hésite pas à se confronter aux personnages les plus mythiques et violents de la littérature opératique, telle la Semiramide de Rossini, qu’elle abordera à Munich, le 12 février.

Alors que nous vivons une époque où le monde donne souvent l’impression de marcher sur la tête, votre nouveau récital discographique, intitulé In War & Peace : Harmony Through Music (En guerre et en paix, l’harmonie par la musique), propose la musique comme antidote…

C’est effectivement son ambition. J’avais établi une direction pour mon prochain album, et je travaillais à l’élaboration de son programme chez moi, à Kansas City, quand ont eu lieu les attentats du 13 novembre 2015, à Paris. Je lisais ces musiques, qui devaient constituer une anthologie d’inédits de compositeurs inconnus, comme une sorte d’exercice académique, sans qu’elles ne me parlent. Je ressentais avec tellement de force le poids de cette nouvelle tentative de diviser profondément notre monde qu’il me fallait dire quelque chose avec ce futur disque. Nous avions déjà décidé qu’il s’agirait de répertoire baroque, avec l’ensemble Il Pomo d’Oro. Je me suis donc penchée sur des airs que j’avais toujours voulu enregistrer : « Svegliatevi nel core » et « Cara speme » de Sesto (Giulio Cesare), « Lascia ch’io pianga » d’Almirena (Rinaldo), ou encore « Da tempeste » de Cleopatra (Giulio Cesare), que j’avais envie d’essayer, ne serait-ce que pour m’amuser. En regardant les partitions, la thématique de la guerre et de la paix m’est immédiatement venue à l’esprit, avec ses différentes nuances : le désir de vengeance, le besoin d’être soulagé, la joie à l’issue du conflit. Ne restait plus qu’à entrer en studio !

Certains airs sont-ils des rescapés du projet initial ?

Parmi toutes les pages de compositeurs napolitains que j’avais envisagées, mais pas retenues, certaines ont ressurgi, comme ce morceau de Jommelli, « Par che di giubilo », ou « Prendi quel ferro, o barbaro ! », cette aria ahurissante extraite de l’Andromaca de Leonardo Leo, où la veuve d’Hector met Pyrrhus au défi de tuer son fils. Plus que de faire un choix entre une quarantaine de pistes possibles, j’avais en tête la nécessité de trouver un équilibre entre la guerre et la paix, en racontant une histoire qui les relie. Ma plus grande surprise a été la découverte des pièces de Purcell, qui a beaucoup écrit sur ce thème. Elles sont un véritable baume dans ce programme.

Monteverdi, Purcell, Haendel et Jommelli ont-ils les mêmes exigences vocales ?

Je ne me pose pas la question en ces termes. Durant toute ma carrière, j’ai chanté le répertoire baroque de la même manière que le bel canto plus tardif. Je ne modifie pas ma technique ou mon approche. Je considère simplement les exigences musicales de la partition, du point de vue du style, du texte, et la voix suit. Si le personnage, son histoire et ses motivations m’apparaissent clairement, les couleurs viennent d’elles-mêmes.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 123

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