Le 29 juin, s’achèvent les représentations de La traviata qui ont marqué ses débuts à l’Opéra Bastille. À partir du 31 juillet, à Saint-Céré, l’un des plus grands espoirs du chant français troque l’habit du comprimario Gastone pour celui du primo tenore Alfredo Germont.
Cette année 2016 est décidément placée pour vous sous le signe de La traviata…
J’avais déjà chanté Gastone dans un spectacle de l’Opéra de Limoges, en 2012. Les choses n’arrivent pas par hasard ; tenir de petits rôles dans un petit théâtre, pour un jeune chanteur, c’est une expérience très profitable, elle vous rend plus solide et vous apprend votre métier. C’est une bonne façon de commencer, parce que des emplois comme Gastone vous obligent à être immédiatement réactif. C’est la première fois que je me produis à l’Opéra Bastille et j’en suis heureux : dans une « grosse » production comme celle de Benoît Jacquot, et aux côtés de grands chanteurs, je suis obligé de canaliser mon énergie et de me mettre au niveau de mes partenaires.
Attendiez-vous le rôle d’Alfredo ?
Je l’espérais, oui, depuis longtemps. La traviata est un ouvrage que j’ai souvent entendu ; lorsque j’étais plus jeune, ma mère me faisait écouter Alfredo Kraus, dont l’élégance et la classe demeurent encore pour moi des modèles. Ma première participation aux Chorégies d’Orange, à l’été 2009, c’était aussi dans La traviata… en Giuseppe, le domestique de Violetta qui, au deuxième acte, introduit Germont auprès d’elle. Je peux dire que c’est un opéra qui m’a accompagné pendant une grande partie de ma vie ! Alfredo est un personnage qui me « parle » vraiment. C’est un homme jeune qui, sans doute, s’ennuie un peu ; il rencontre une femme et la séduit. Il l’aime profondément, avec toute la fougue dont il est capable, mais ne sait pas le lui dire. La déception qu’il éprouve ensuite, est à la fois douloureuse et compréhensible. En même temps, il lui est difficile de se débarrasser des conventions sociales terriblement rigides de l’époque et il ne peut pas aller contre les volontés de son père.