Né en 1957. Directeur général adjoint de l’entreprise Franck et Fils (jusqu’en 1994). Directeur associé de la société Jeanine Roze Production, de 1994 à 2008. Nommé directeur général du Théâtre des Champs-Élysées, en juin 2008. Prend officiellement ses fonctions au début de la saison 2010-2011.
2016-2017 sera votre septième saison à la tête du Théâtre des Champs-Élysées et, pour l’instant, votre mandat va jusqu’en 2019-2020. Comment la maison se porte-t-elle ?
Bien, très bien même. Ces derniers mois, la fréquentation a été particulièrement bonne, la meilleure que nous ayons connue depuis mon arrivée. Je pense qu’au fil des années, le public a compris quel était notre projet. Le fait que la Salle Pleyel ne programme plus de musique classique a sans doute contribué à augmenter le nombre de spectateurs pour nos concerts. Peut-être la fermeture pour travaux de -l’Opéra-Comique a-t-elle aussi joué un rôle, tout comme notre décision de ne pas augmenter nos tarifs. Mais, selon moi, ce ne sont que des facteurs secondaires.
Comment les productions lyriques de ces derniers mois ont-elles été accueillies ?
Theodora a bien marché, alors que ce n’était pas gagné au départ. Norma a affiché complet, et Mitridate a constitué une réelle surprise. Ce n’est pas un titre qui attire a priori les foules, et même si la distribution était superbe, elle ne comptait aucune de ces grandes stars qui remplissent toujours une salle, mais le bouche à oreille a très bien fonctionné. Il y a eu une captation par Mezzo et Arte, et un DVD sera publié, comme pour La clemenza di Tito (2014) et, auparavant, Dialogues des Carmélites (2013).
Dernier événement avant l’été, Tristan und Isolde, à partir du 12 mai prochain, sous la baguette de Daniele Gatti et dans une nouvelle mise en scène de Pierre Audi…
Tristan n’avait jamais été donné dans nos murs en version scénique. Pendant l’été 2010, en prévision de la célébration du centenaire du théâtre (2013), nous avons effectué des travaux. La fosse d’orchestre posait problème : comment, en 1913, avait-on pu créer Le Sacre du printemps dans un espace aussi restreint ? Nous avons retrouvé les plans d’origine et constaté que la fosse avait été amputée par la suite pour créer des lieux de stockage. Aujourd’hui, elle a récupéré ses dimensions initiales et peut accueillir entre 80 et 90 musiciens. Nous pouvons donc donner Tristan, en offrant à Emily Magee l’opportunité d’aborder Isolde. Malheureusement, nous ne pourrons jamais afficher Elektra autrement qu’en version de concert, puisque l’effectif dépasse la centaine d’instrumentistes.
Quel est votre public ?
Il est certain qu’il recoupe en partie celui de l’Opéra de Paris. Ce qui est gratifiant, c’est que notre image est de plus en plus forte au niveau international. Nous collaborons régulièrement avec de grands théâtres étrangers, comme le Liceu de Barcelone et le Covent Garden de Londres, et nous avons des projets avec le Metropolitan Opera de New York. Notre cercle de mécènes a, lui aussi, tendance à s’élargir.
Vos finances ont-elles été touchées par la crise ?
La Caisse des Dépôts est notre fidèle et principal soutien financier. Mais nous avons dû faire face à une baisse des subventions de près de 10 % pour les trois années à venir – il est vrai que Dominique Meyer, mon prédécesseur, avait obtenu une augmentation substantielle parce qu’il souhaitait donner davantage de productions scéniques. Nous allons donc passer de 10 millions d’euros à 9,1 millions. 10 %, c’est beaucoup pour une maison dont le budget est loin d’être celui de certains de nos amis et concurrents. Surtout que nous devons payer un loyer à la société civile immobilière qui gère la Caisse des Dépôts, propriétaire des murs.