Fondé en 1981, au cœur du Lot, par Olivier Desbordes, qui en assure depuis la direction artistique, le Festival s’est construit une image axée à la fois sur l’alternance d’ouvrages populaires et de premières françaises, et sur la promotion des jeunes talents. L’édition 2013, du 1er au 17 août, ne déroge pas à la règle : nouvelle production de Don Giovanni, reprises de Lost in the Stars de Kurt Weill (rebaptisé Un train pour Johannesburg !) et La Belle de Cadix.
La programmation du Festival de Saint-Céré est très éclectique !
Elle l’a toujours été, et nous le revendiquons. Le Festival s’adresse à un public très diversifié, qui se réunit autour de grands événements mais que l’on peut aussi faire entrer par d’autres portes, qui lui sembleront plus faciles d’accès. L’essentiel, c’est de toujours susciter la curiosité !
Ce que vous faites également avec de nombreux concerts…
Effectivement. Cet été, nous avons programmé de la musique sacrée, avec le Stabat Mater de Boccherini, que dirigera Mirella Giardelli, et de la musique de chambre, représentée par Les Sept Dernières Paroles du Christ (Septem Verba Christi in Cruce) de Haydn, dans sa version originale pour quatuor à cordes et récitant. Nous comptons beaucoup sur le projet intitulé « Résistencia », des chants de la résistance occitane des XIIe et XIIIe siècles, mais aussi des pages plus récentes, et même des créations de Kamilya Jubran autour du thème de la liberté. La chanson française ne sera pas oubliée, puisque nous rendrons hommage à Édith Piaf. Il faut toujours penser au public qui est là, mais aussi à celui qui ne vient pas. Une trop grande spécialisation est exclue ; nous avions fait, voici quelques années, une tentative autour de Schubert, avec des récitals, des « schubertiades », mais cela n’avait pas marché.
Cette année, Mozart crée l’événement avec Don Giovanni.
Éric Perez met en scène cette nouvelle production, sous la direction musicale de Dominique Trottein. Nous avons supprimé les récitatifs chantés et les avons remplacés par des dialogues parlés en français, car c’est une tradition à Saint-Céré de mélanger théâtre et musique. En 1979, Jean Massin avait publié une étude comparée sur le personnage : Don Juan, mythe littéraire et musical. L’opéra de Mozart se situant à la frontière du classicisme et du romantisme, nous nous sommes appuyés sur des textes charnières du mythe. Chez Mozart, la mort du héros est triomphale. À partir du début du XIXe siècle, le séducteur ne meurt plus. Dans Le Plus Bel Amour de Don Juan, Barbey d’Aurevilly lui fait dire que la vieillesse est pire que la mort. Nous donnerons d’abord Don Giovanni au Festival « Musiques des Lumières » de l’abbaye-école de Sorèze, dont Joël Suhubiette est le directeur artistique, puis aussitôt après à Saint-Céré. Ensuite, nous partirons en tournée, notamment à l’Opéra de Massy, avec lequel nous nous sommes unis pour coproduire le spectacle.
Coproduisez-vous régulièrement ?
Compte tenu du contexte économique actuel, c’est presque une obligation. Et l’investissement artistique est tel qu’il est absurde de travailler tout seul dans son coin. La coproduction permet à un spectacle de vivre plus longtemps. Dans les mois et les années qui viennent, nous allons monter Le Voyage dans la Lune d’Offenbach, avec les Opéras de Fribourg et de Lausanne, puis La Cenerentola avec le Centre Lyrique Clermont-Auvergne, que dirige Pierre Thirion-Vallet.
Vous jouez dans un grand nombre de lieux, à Saint-Céré comme dans ses environs…
Il y a d’abord le château de Castelnau-Bretenoux, dont la cour peut accueillir six cents personnes. Le rapport entre la scène et les spectateurs est agréable, comme il peut l’être dans une petite salle à l’italienne, donc différent d’un auditorium trop vaste pour certaines œuvres ; et, en cas de pluie, nous pouvons nous abriter dans la Halle des Sports. Un autre château nous reçoit, celui de Montal, dans la cour duquel nous pouvons disposer de trois cents places pour donner des concerts de musique de chambre ; pour la petite histoire, c’est là que La Joconde a passé la Seconde Guerre mondiale, avant de réintégrer le Louvre ! À Saint-Céré même, l’Usine est en travaux et va être complètement réaménagée, de façon à devenir un théâtre ouvert toute l’année. Il nous arrive d’utiliser la cathédrale de Cahors, ou d’autres lieux historiques. Nous pouvons aussi aller jusqu’en Corrèze.